updated 6:51 PM CEST, Jun 27, 2017

Bientôt...

 lemiliedegourdie1

ENCORE UN PEU DE PATIENCE!

LES NEWS SONT EN ROUTE!

genre&féminismes

Sense8 des Wachowski, saison 1

Entrer dans Sense8, la série originale sortie cet été sur Netflix, écrite et réalisée par Lana et Andy Wachowski, c’est se plonger dans une aventure qui transcende les frontières et les différences. Dans la filmographie des Wachowski, et notamment suite à leur chef-d’œuvre mésestimé Cloud Atlas, les identités se confondent, se fluidifient…

L’aspect fantastique – huit personnes qui peuvent communiquer, voire prendre possession du corps de l’autre à des milliers de kilomètres les uns des autres – est une sorte d’allégorie de notre époque ultra connectée. Mais à la différence d’autres séries qui mesurent nos avancées technologiques sous un œil critique (voir Black Mirror), Sense8 propose de les envisager comme un moyen de s’entraider, d’apporter ses connaissances et son expérience à d’autres qui en ont besoin. Et, encore une fois, de passer outre les frontières culturelles.

Parmi la galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, celui de Nomi sort très clairement du lot. Interprétée par l’actrice Jamie Clayton, elle joue le rôle d’une activiste politique sur Internet au passé de hackeuse. Elle est aussi trans MtF, en couple avec Amanita. En termes de visibilité des minorités LGBTQ, Sense8 met ainsi en avant deux couples, un lesbien et un gay – les seuls en fait déjà existants au début de l’histoire - aux difficultés propres, mais surtout qui exposent à leur manière, une certaine "normalité" : j’entends ici non pas selon des principes normatifs du modèle hétérocentré, mais bien d’une vie de couple à la fois singulière et similaire à tant d’autres. Ce sont deux couples très liés, dont l’amour est puissant : Amanita, qui n’hésite pas une seule seconde à suivre Nomi et à la secourir par tous les moyens, et Hernando, le compagnon de Lito, qui accepte de rester dans l’ombre, non sans réticence, du succès médiatique de Lito afin d’éviter de compromettre sa carrière d’acteur. Cette série met ainsi en lumière les nombreux problèmes  actuels : assumer son orientation sexuelle ou son identité de genre sans que cela ne compromette une carrière ou une exposition médiatique, la violence des mots et le rôle des proches dans ce qui peut détruire ou sauver une vie.

Mais il y a aussi le personnage de Sun, joué par Bae Doona (Cloud Atlas), fille d’un riche homme d’affaire coréen, est un exemple de vie de lutte entre ombre et lumière. Sa participation dans l’entreprise de son père passe inaperçue, voire est méprisée par ceux qui ne font le lien avec son père. Pourtant, elle réussit, dans l’ombre, à être une furieuse combattante de kickboxing, une compétence qui servira plus tard au groupe. Cette héroïne offre une image très valorisante et très positive de figure féminine.

En outre, deux passages, deux discours résonnent plus que d’autres dans ce récit qui prend toute son ampleur si on pense au fait que Lana Wachowksi est aussi passée par une transition, tout comme Nomi. Le premier se situe au début de l’aventure, alors que Nomi et Amanita assistent à la Pride de San Francisco :
«J’ai beaucoup repensé à ma vie et aux erreurs que j’ai commises. Celles que j’ai gardées en moi, celles que je regrette, sont celles que j’ai commises par peur. Pendant longtemps, j’avais peur de qui j’étais, car mes parents m’ont toujours dit qu’il y avait quelque chose de travers chez les gens comme moi. Quelque chose d’offensant, quelque chose à éviter, peut-être même plaindre. Quelque chose qu’on ne pourrait jamais aimer. Ma mère est une adepte de St-Thomas d’Aquin. Elle voit la fierté comme un péché. Et de tous les péchés mortels et véniels, St-Thomas voyait la fierté comme le pire des sept péchés capitaux. C’était le péché ultime qui menait aux autres et ferait de vous un pécheur incorrigible. Mais la haine n’est pas un péché sur cette liste. La honte non plus. J’avais peur de cette Gay Pride car je voulais tellement en faire partie. Alors aujourd’hui, j’y participe pour cette partie de moi qui avait peur de le faire, autrefois. Et pour tous ceux qui ne peuvent pas y participer. Ceux qui vivent que je le faisais. J’y participe pour me rappeler que je ne suis pas seule. Nous sommes unis. Et nous défilons avec fierté. Alors va te faire foutre, St-Thomas. » (S01E02)

Le second, impliquant cette fois Nomi et Lito, porte sur la question de réussir à affirmer sa différence y compris dans un contexte difficile:
«Lito : J’ai peur de perdre tout ce pour quoi j’ai travaillé.

Nomi : Je sais ce que ça fait. Mais à un moment, je me suis rendu compte qu’il y avait une énorme différence entre ce pour quoi on travaille et ce pour quoi on vit.

Lito : Toute ma vie, j’ai voulu être un acteur. Mais je ne peux avoir les rôles que je veux… en étant gay.

Nomi : J’adore les poupées. Mon père ne m’a jamais pardonné cela. A huit ans, mon père m’a inscrit dans un club de natation. Il en avait lui-même fait partie. Il disait que les choses qu’il avait apprises dans les vestiaires avaient fait de lui l’homme qu’il est devenu. Je détestais ces vestiaires. A cet âge, j’avais du mal à accepter mon corps. Je n’aimais pas être nu, surtout devant d’autres garçons. Mais il fallait prendre une douche avant d’entrer dans l’eau, alors je la prenais en gardant mon maillot et un t-shirt. Les garçons se moquaient de moi, mais je les ignorais et je me dépêchais. Ça a marché, pendant un moment. Jusqu’au jour où ça n’a plus marché. Ces vestiaires ont fait de mon père l’homme qu’il est, mais aussi la femme que je suis. Après cela, j’ai arrêté le club de natation. Je n’ai plus cherché à me faire accepter, à être l’un d’eux. Je savais que ça n’arriverait jamais. Et surtout, je ne le voulais pas. Leur violence était mesquine et ignorante, mais finalement, ça montrait leur vraie personnalité. La vraie violence, la violence qui était impardonnable, comme je l’ai compris, est la violence que l’on s’inflige à soi-même quand on a trop peur d’être qui on est vraiment. » (S01E09)

En bref, les Wachowski ont réussi à lancer une histoire intense et déjà marquée de nombreux moments cultes, comme cette scène d’amour follement érotique réunissant les huit personnages. Leur maîtrise extraordinaire explose dans le climax final, laissant espérer que la suite sera à la hauteur de cette première saison.

Photo DR, les huit personnages de la série.

Combien vaut votre femme?

Ce que révèle le piratage par Impact Team du site de rencontres adultères Ashley Madison va bien au-delà de la publication des noms des utilisateurs-trices : tandis qu’il met à nu des pratiques plus que douteuses, dans le même temps, il dévoile les bases du fonctionnement d’une entreprise qui s’appuie sur les pires stéréotypes de genre et dont les projets laissent sans voix.

Après la publication le 19 août dernier de la base de données du site Ashley Madison, les journalistes de Gizmodo ont mené l’enquête en s’intéressant de plus près aux profils des 38 millions d’abonné-e-s que revendique la plateforme de rencontre. Ainsi officiellement, il y aurait environ 5,5 millions de femmes pour 32,5 millions d’hommes qui s’y retrouveraient. Or, selon les recherches de Gizmodo, 11 millions d’hommes chatent avec 2'400 femmes. Quant à la messagerie, 20 millions d’hommes l’utilisent contre 1'500 femmes. La disproportion est énorme.

En cause, les faux profils féminins créés par la société. Que ce soit automatiquement par le biais de robots ou manuellement par les employé-e-s, Gizmodo a déjà dénombré une dizaine de faux profils de femmes. Les journalistes ont en effet trouvé des milliers d’adresses mail de type (un chiffre)@ashleymadison.com générées par un robot. Par ailleurs, d’anciennes employé-e-s de la firme avaient déclaré voici quelques temps que leur job consistait à créer un millier de faux profils tous les trois mois.

Et des profils féminins, il en fallait pour attirer les hommes, les vrais sur le site. Car à n’en pas douter sous ses dehors girly ou female friendly, selon la rhétorique de la firme, le site s’adressait essentiellement aux hommes. Les publicités ne laissent planer aucun doute quant au public cible. Quelle femme, a fortiori mariée, voudrait utiliser un service qui la représente comme une mégère ? Le discours publicitaire est très clair : l’idée est que les hommes puissent tromper bobonne sans se donner trop de mal.

Sauf qu’en réalité, «des millions d’hommes envoient des mails, discutent et dépensent de l’argent pour des femmes qui ne sont pas là» comme le suggère l’enquête de Gizmodo. Car question finances, l’entreprise fonctionne bien. D’après CNN, elle aurait engrangé de 115, 5 millions de dollars en 2014. Sur ce réseau pas très social, où les hommes ne peuvent pas échanger entre eux, où les femmes n’existent pas et où la seule transaction réelle est celle qui débite les cartes de crédit, flotte comme une drôle d’atmosphère, un air de frustration peut-être ? De déception sûrement pour tous ces maris qui y ont cru. Alors sans faire dans le «tel est pris qui croyait prendre», on peut supposer qu’on ne les y reprendra plus.

Le meilleur reste pourtant à venir: La prochaine trouvaille estampillée Ashley Madison, une application appelée "What's Your Wife Worth" (Combien vaut votre femme, ndlr) qui permet aux utilisateurs de poster une photo de leurs femmes et de les faire évaluer sur une échelle de 1 à 10. Ces dernières seront associées à une somme d'argent en fonction de leur note obtenue. L’idée est encore dans les cartons mais soyons sur-e-s qu'elle verra prochainement le jour. Vous trouvez que ça dégénère? C'est pas faux.

Photo, une publicité pour le site Ashley Madison "Votre femme vous a fait peur hier soir?"

Le 7ème congrès féministe à Montréal

Du 24 au 28 août prochain se tient à Montréal le 7ème congrès international des recherches féministes dans la francophonie. Intitulé Penser Créer Agir les féminismes, l’événement rassemble la crème de la crème des chercheurs-euses qui se consacrent au sujet. L’Université du Québec à Montréal (UQAM) accueille cette édition organisée conjointement par l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), le Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et le Service aux collectivités (SAC).

Après Québec (1996), Dakar (1999), Toulouse (2002), Ottawa (2005), Rabat (2008) et Lausanne (2012), c’est donc Montréal qui va devenir le centre de tous les féminismes et de toutes les attentions le temps de ce congrès. À défaut d’être le dernier salon où l’on cause ou celui des inventions, ce grand rassemblement est l’occasion de faire le point sur ce qui se dit et se fait en matière de féminismes et sur qui le dit et qui le fait. À cet égard, le programme de ces quatre journées est extrêmement riche et varié. Selon les organisatrices «les thématiques accueillies dans le cadre du Congrès traduisent les réflexions qui traversent les recherches féministes sur le(s) genre(s)/les rapports sociaux de sexe, la différence/les différences, l’identité sexuelle/les identités sexuelles, le projet collectif vs les choix individuels, notions qui sont elles-mêmes révélatrices de la diversité des problématiques et des interprétations mobilisées dans la francophonie pour élaborer un projet féministe de société». Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans le but de coller au plus près de réalités à la fois multiples et complexes, le congrès s’attache à une meilleure représentation de toutes les femmes. Ce défi est de taille car il recoupe la diversité des expériences des femmes traversées par plusieurs rapports de pouvoir et interpelle de fait les féministes tant d’un point de vue théorique, que d’un point de vue militant.

L’autre point fort de cette conférence porte sur les idées, les tendances et les débats féministes émergents avec un appel à contribution vers des chercheurs-euses qui questionnent autrement, ailleurs ou qui font preuve d’innovation dans leur réflexion : «L’intention est de susciter de nouveaux regards sur des questions touchant l’ordre économique, la militarisation des sociétés, l’exploitation des territoires, la division sexuelle du travail, la participation citoyenne des femmes, la perpétuation de la violence envers elles et les contrôles exercés sur leur image, leur corps, leur santé et leur environnement», comme l’expliquent les organisatrices.

l’émiliE pour sa part fera l’objet d’une intervention au dernier jour du congrès, celle d’une chercheuse neuchâteloise, Rebecca Bendjama, qui consacre sa thèse de doctorat à notre journal et plus particulièrement à son évolution depuis 2001. Intitulé «Représentations des féministes dans la revue féministe l’émiliE», l’exposé de Rebecca Bendjama s’intéresse aux regards que pose la rédaction sur les différents courants qui traverse le mouvement. A la mi-juillet, la chercheuse nous a confié «étudier les remises en question faites par des journalistes féministes sur des féministes et sur les féminismes». l’émiliE qui depuis 2001 tient à témoigner de cette diversité des idées se réjouit de voir que ses efforts deviennent sujet d’étude…

Vous pouvez télécharger le programme du congrès ici.

Photo, UQAM, l'université de Montréal.

Plus d'articles...

  1. Algorithmes malins
  2. Oh regarde, une chatte!
  3. A quoi rêvent les jeunes filles?
  4. Portées au nu
  5. Rébellion dans le film d'animation
  6. TransScreen, un genre de festival
  7. Insultes et préjugés
  8. Les nonnes se rebiffent
  9. La caravane de la MMF débarque à Genève
  10. Artivisme en vue
  11. IVG, le grand pardon version catho?
  12. 168 produits chimiques par jour
  13. Le GGRA dézingue Zofingue
  14. Interview de Louise Toupin
  15. Le rejet des lettré-e-s
  16. Cachez ce sang que je ne saurais voir
  17. Selfridges invente l'a-gender marketing
  18. Le manifeste des Femen
  19. Combattre les insultes par le rire
  20. Erika Lust: le porno fun et féministe
  21. Hormones, discrètes alliées
  22. Le talent de Chimamanda Ngozi Adichie
  23. Nudité politique, l'arme fatale
  24. Les guerilla girls ont 30 ans
  25. Le piège de l'économie collaborative
  26. Eliane Blanc, la militance et l'amour
  27. Le blanc de leurs yeux
  28. Ce que soulève la jupe...des garçons
  29. Changez la société. S'il vous plaît.
  30. Les computer girls
  31. La mésalliance féminisme/ nationalisme
  32. Où sont les jeunes ?
  33. Barbie geek
  34. L'échappée et l'autodéfense féministe
  35. L'éducation des garçons à revoir
  36. Taxe rose sur les prix
  37. Le masculin ne l'emporte pas sur le féminin
  38. "Je ne voyais que des peaux pâles"
  39. Sous les casseroles, le sexisme
  40. Prix de l'égalité 2014 pour TGNS
  41. Début des conférences à l'unige
  42. Polyamour et jalousie constructive
  43. Assignée garçon
  44. C'est l'amour à la plage
  45. Plages: cachez ces seins...
  46. Le sexisme pour les nul-le-s
  47. Un esprit sain dans un corps libéré
  48. Transfashion, tout se transforme
  49. Coloriages pour adultes, un art sexué
  50. La socialisation des garçons en cause
  51. La croissance est une croyance!
  52. Emilie Jouvet livre The book
  53. Lever le voile... ou pas.
  54. La rumeur, arme de guerre
  55. Le genre n'est pas une théorie
  56. Well Well Well, le mook lesbien
  57. Transgenres discriminés en Europe
  58. A.W. Guelpa, harcelée sur le Net
  59. Le musée fait le trottoir
  60. Jouets, des raisons d'espérer?
  61. Et la prostitution masculine?
  62. Buzzons contre le sexisme, saison 3
  63. Le succès de "je connais un violeur"
  64. Pétition contre le sexisme sur Internet
  65. Le projet de Caroline de Haas
  66. Sinead O'Connor à Miley Cirus
  67. Femen: Amina quitte ses amies
  68. Antipodes
  69. Féminisez votre bébé avec une perruque
  70. Femen vs féministes
  71. L'alliance du voile et de la laïcité
  72. Jeu vidéo/ sexisme:interview de Mar_Lard, gameuse et activiste féministe
  73. Vers une théorie critique post-néolibérale
  74. Lalla: une hétérotopie transexuée
  75. Tout l'art du cochon
  76. Genre et économie
  77. Moi Diana T. pornoterroriste
  78. MMF, le point avec Myriam Nobre
  79. Après le printemps érable ?
  80. Tu vois le genre?
  81. Männer.ch s’explique
  82. Discours et pratique de combat
  83. Histoires de famille
  84. Questions féministes ou pas
  85. La pensée queer, blanchiment postmoderne
  86. Basket: une tenue sexy sexiste?
  87. Rôles de sexe/ Rapports sociaux de sexe
  88. Le féminisme, un mouvement non-violent
  89. Quand les féministes se mettent à nu
  90. Le maquillage augmente les compétences
  91. Porno et féministes
  92. Sexe et nation
  93. Religions et féminismes: quelle équation?
  94. 14 juin d'hier et d'aujourd'hui
  95. Recto-verso, injonctions contradictoires
  96. Anorexie: les garçons s'y mettent aussi.
  97. Vinila von Bismarck
  98. Masculinités
  99. Coming out féministe
  100. Le New Burlesque : revues et négligés