updated 6:51 PM CEST, Jun 27, 2017

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Hormones, discrètes alliées

Victimes d'idées reçues aux relents sexistes, les hormones sécrétées par notre corps ont des fonctions bienfaitrices très variées et encore trop souvent méconnues. Elles dopent notre moral, nous protègent face à certaines maladies, nous aident à accoucher ou à nous sortir d'une situation dangereuse... Les hormones, ces messagères chimiques qui circulent dans notre corps en quantité infinitésimale, ont une action bénéfique sur notre santé et notre bien-être. En voici quelques exemples.



Les œstrogènes et la progestérone, les hormones "féminines"
C'est particulièrement le cas des hormones sexuelles dites féminines que sont les œstrogènes et la progestérone : "Elles exercent un effet protecteur contre un grand nombre de maladies incluant les maladies cardiovasculaires, les maladies cérébrales et l’ostéoporose. À dosage adéquat, elles ont aussi des propriétés anti-cancer, et non le contraire", explique la docteure québécoise Sylvie Demers, spécialiste en biologie moléculaire et en hormonothérapie.

Elle œuvre depuis des années pour la reconnaissance des bienfaits des œstrogènes et de la progestérone tant sur la santé des femmes que des hommes, car comme elle le souligne, "aucune hormone n’est spécifique aux femmes ou aux hommes. Les femmes et les hommes produisent les mêmes hormones, y compris sexuelles. Ce qui diffère surtout entre les sexes, c'est que les ovaires produisent davantage d’œstrogènes et de progestérone, tandis que les testicules produisent davantage d'androgènes."

Bien que certaines études mettent en cause les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause dans l'apparition de cancers – notamment du sein – et que la pilule contraceptive augmente le risque de thrombose chez les femmes qui la prennent, Sylvie Demers estime que le rôle bénéfique général des hormones sexuelles féminines n'est aujourd'hui pas suffisamment reconnu par le corps médical. Elle constate qu’il existe ce qu’elle appelle une "misogynie hormonale" : "Il y a un discours ambiant qui consiste à mépriser, voire à craindre les œstrogènes, alors que la société survalorise la testostérone".

Les œstrogènes ont des effets positifs sur notre moral, poursuit Sylvie Demers : "L’estradiol-17β est un antidépresseur naturel puissant, il favorise un meilleur sommeil, augmente la mémoire et a des effets neuro-protecteurs". C'est ce qui expliquerait pourquoi les phases où la production de ces hormones chute de manière radicale, comme durant les règles, après un accouchement ou lors de la ménopause, peuvent s’accompagner d'anxiété, de fatigue, d'irritabilité, voire d'un état dépressif passager. Des effets secondaires qui ont inspiré le fameux "Si elle est de mauvaise humeur, c'est qu'elle doit avoir ses règles", grand classique de la vanne sexiste, sous-entendant que le comportement des femmes serait entièrement assujetti à leur cycle menstruel et envisageant les hormones sous un angle négatif. "Le mépris des œstrogènes reflète d’une certaine manière le mépris des femmes", analyse Sylvie Demers. "Je crois qu’il ne pourra y avoir de véritable égalité des sexes tant que cette misogynie hormonale perdurera."

La testostérone, une hormone pas exclusivement masculine
Contrairement aux idées reçues, les femmes produisent également cette hormone au niveau des ovaires et des glandes surrénales, situées au-dessus des reins, en quantité toutefois beaucoup moins élevée que chez les hommes. À la puberté, c'est cette hormone qui déclenche la poussée des poils et l'augmentation de la taille de la vulve ; elle rend souvent la peau grasse et les odeurs corporelles plus fortes. Elle entraîne également chez les jeunes filles la mue de la voix. Mais la testostérone est avant tout l'hormone qui, au long de la vie, est responsable du désir sexuel chez la femme comme chez l'homme.

Dans son essai Testo Junkie, le philosophe espagnol et activiste queer Paul Preciado faisait il y a quelques années le récit d'une expérience extrême, menée lorsqu'il n'avait pas encore changé d'identité juridique et portait encore le prénom féminin de Beatriz. Pendant 264 jours, Beatriz Preciado s'était soumise à ce qu'elle appelait une "intoxication hormonale volontaire" en s'administrant quotidiennement une micro-dose de testostérone par voie cutanée, de manière à ne pas modifier l'apparence de ses caractères sexuels secondaires – les particularités physiques qui, en dehors des organes génitaux, différencient le corps féminin du corps masculin – mais à tout de même pouvoir en ressentir les effets : "[Les micro-doses] produisent des changements subtils mais déterminants dans mes affects, dans la perception interne de mon propre corps, dans l'excitation sexuelle, dans mon odeur corporelle, dans la résistance à la fatigue", écrivait-elle.

L'ocytocine, l'hormone de l'accouchement et de l'attachement
Cette hormone sécrétée par l'hypophyse, une petite glande située à la base du crâne, joue un grand rôle dans l'accouchement (elle stimule les contractions) et dans la production de lait maternel. L'ocytocine est également surnommée l'hormone de l'attachement. Elle est notamment produite durant l'orgasme, quel que soit le sexe de l'individu, mais en quantité toutefois plus importante chez les femmes, fait remarquer le psychiatre Michel Reynaud, auteur du livre L'amour est une drogue douce... en général. Une différence que certains, tout en se défendant de sexisme, sont tentés d'expliquer par des arguments visant à rendre "naturelles" les inégalités entre les femmes et les hommes. L'homme chercherait avant tout à se reproduire avec le plus possible de femmes pour assurer sa descendance, tandis que les femmes tendraient à se contenter d'un seul partenaire sexuel, dans le but qu'il veille avec elle sur leur future progéniture... Heureusement que des biologistes et des scientifiques féministes – comme l’anthropologue et spécialiste des primates Sarah Blaffer Hrdy ou la neurobiologiste Catherine Vidal – apportent un contrepoint à cette analyse… et montrent bien qu’on peut faire dire tout, et son contraire, à une donnée scientifique.

L'adrénaline, l'hormone du stress
Produite par le système nerveux central et les glandes surrénales, l'adrénaline est une réponse à un état de stress ou à l'exposition à un danger. C'est cette fameuse "montée d'adrénaline" qui nous donne soudain la capacité de courir à toute vitesse, d'éviter un projectile au millième de seconde près ou qui permet de mobiliser la force physique nécessaire afin de se défendre face à une situation risquée. Cette hormone provoque instantanément une accélération du rythme cardiaque, une hausse de la pression artérielle, une dilatation des pupilles ainsi que des bronches. À forte dose, l’adrénaline, tout comme le cortisol, l’autre hormone du stress, est toxique : les femmes exposées aux violences en subissent les conséquences néfastes sur leur santé cardiaque, vasculaire et neurologique.

Le cocktail hormonal de l'amour
De nombreuses hormones sont sécrétées par le corps lors de la rencontre amoureuse et peuvent nous plonger dans une euphorie propice à l'apparition de sentiments : l'ocytocine et la vasopressine, qui jouent un rôle primordial dans l'attachement, la dopamine, l'hormone du plaisir et de la motivation, ainsi que la lulibérine, qui a un effet coupe-faim, et les endorphines, dont les effets sont comparables à ceux de l'opium, comme l'explique Michel Reynaud : "On sécrète ces opioïdes en particulier au moment de l'orgasme. C'est ce qui donne cette espèce de béatitude, cette impression cotonneuse de détente." Loin de provoquer "sautes d'humeur" et désagréments physiques, nos hormones peuvent être des alliées au quotidien, et à tout âge !


Photo DR
Un article à retrouver également sur Axelle