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Une pétition pour l'égalité salariale

15-12-2015  - avatar

Force est de constater que le nouveau Conseil fédéral ne montre pas l’exemple en matière de représentation homme/femme et reste en retrait en matière d’égalité salariale. Sa proposition, actuellement en...

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Ailleurs

Annick Blavier, une œuvre engagée

27-06-2017 Hélène Upjohn - avatar Hélène Upjohn

Il y a du mystère dans les collages d’Annick Blavier, les déchirures, les fragments, les situations que l’on ne voit pas en entier, les citations qui ont perdu leur auteur.e..Pourtant...

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Genre&Féminismes

Une pilule pour doper la libido féminine…

10-12-2015  - avatar

Les sociétés pharmaceutiques rivalisent d'ardeur pour mettre sur le marché une pilule qui stimulerait le désir sexuel chez les femmes. Sprout Pharmaceuticals a déjà obtenu le feu vert pour la...

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chronique féminista-voyageuse

Chambre froide

Sous l'air conditionné par 10.000 mètres d'altitude, il fait frais. Dans l'avion juste devant moi, un jeune homme panique. Ses mains tremblent légèrement, il croise et décroise les doigts, se lève, me demande de regarder sous mon siège, fouille ses poches, ses sacs, se lève encore. Il ne retrouve pas son passeport. Je le regarde avec ses yeux clairs affolés, ses cheveux blonds coupés propres et son bonnet en crochet. J'imagine qu'il apprend quelque chose sur le voyage, sueurs froides de voyageur riche... C'est moi qui projette, bien sûr : je le regarde avec sa petite chemise, ses jeans vintage, son ipad, sa tablette et ses mocassins et je l'imagine en vacances ou en stage pour les huit prochains mois, à Buenos-Aires.

Je l'imagine ainsi parce que depuis une dizaine d'heures, j'ai l'impression de ne pas voir beaucoup de gens ordinaires. Par "ordinaire", j'entends d'autres personnes que les businessmen ordinaires et les touristes ordinaires. J'entends celles qui n'ont pas l'habitude ni les moyens de se payer 2600 francs de survol de l'Atlantique, celles dont le passeport n'ouvre pas si facilement les barrières de douane.

Dans l'avion, la majorité a la peau claire, est tirée à quatre épingles, bien propre et l'air de savoir que faire et où aller. Moi qui prends si rarement l'avion, je m'étonne de mes propres préjugés, en me remémorant les femmes de ménage furtivement croisées à l'aéroport, les emballeurs de colis et les manutentionnaires de valises entre-aperçus derrière les portiques : visages fatigués, regards vagabonds, parfois souriants, parfois fuyants, chaussures usées et mains noircies, qui m'évoquaient bien plus le voyage que cette ambiance aspetisée et guindée nous poussant de couloirs en sas en escalators en tapis roulants.

En arpentant l'aéroport gigantesque de Madrid, mon sang tambourine sur mes tempes à la vitesse de mes visions, brèves et intenses, flashs de l'horreur annoncée sur le bocage nantais. J'ai entendu parler de la lutte qui grandit dans l'ouest de la France, contre un n-ième gigantissime aéroport, condamnant 30.000 hectares de terres maraîchères au prétexte que l'aéroport existant ne serait pas à la hauteur des ambitions du Premier Ministre en fonction.

Ici, tout est propre, personne ne traîne. Tout le monde a une destination et un passeport, même le jeune homme paniqué-applaudi par tout l'avion, lorsqu'il retrouve enfin le sien, caché dans la poche avant de sa propre sacoche. Bars, Lounges, parfums, maroquineries et alcools forts en duty free. La douane est invisible et le chemin est flêché, minuté : "Terminal 4, 19 minutos". Enfilades de piliers à perte de vue, repeints de couleurs vives pour réchauffer l'ambiance (c'est un peu raté). Souvenirs de Paysages manufacturés, un film documentaire époustouflant sur les paysages d'usines immenses, beauté triste et effrayante des dimensions industrielles.

Il faut marcher vite et alerte et sur le vrombissement des souffleries ne se superpose que le silence, stressé, concentré, pressé. Régulièrement, je me retourne et, chaque fois, mon sang refroidit un peu plus. Non, je n'ai pas peur d'être suivie, ce n'est pas ce genre de paranoïa. Mais je ne vois pas d'escalator dans le sens inverse et, partout, des sens interdits signifiant qu'on ne doit pas rebrousser chemin, que le flux est à sens unique. Sensation d'être enfermée sur ce parcours pré-programmé. Que se passerait-il si je voulais revenir sur mes pas ? Si j'avais oublié quelque chose à quelques étages de là ? Si je ne voulais plus faire ce voyage ? Sensation d'être dans une boîte, conservée en chambre froide... Est-ce déjà le voyage ou seulement l'attente avant le départ ? Sommes-nous dans le box en zone d'embarquement, ou bien déjà déplacées dans la boîte frigorifique d'un semi-remorque lancé à plein régime ? "Être en transit", signifie-t-il "voyager", ou être attente du voyage ?

Retrouvez l'épisode précédent  à la rubrique "Tous les articles" sous "Chronique féminista-voyageuse"

Négociations

Comment décide-t-on de partir deux mois en Uruguay à vélo avec sa mère ? On ne décide pas vraiment. Ou en tous cas, pas moi.

Dans ma vie, la plupart des négociations avec les personnes qui me sont proches se font au consensus. Ça veut dire que nous discutons longuement, que nous apprenons à nous connaître, dans nos besoins, nos désirs et nos limites. Nous nous employons à formuler des moyens termes, nous anticipons le compromis. Bien sûr, ça ne marche pas toujours, ça n'empêche pas d'être à côté de la plaque ou d'agir sous le coup de la colère. Bien sûr, ça rend parfois l'atmosphère pesante et ça nous coupe dans certains élans, audacieux ou improbables. Mais c'est aussi puissant, réconfortant, fou ET improbable. J'ai la plupart du temps le sentiment d'être entendue et de savoir ce que je veux.

Avec ma mère, ça ne fonctionne pas comme ça. C'est une femme formidable. Elle est forte. C'est elle qui décide. Et puisque c'est elle qui se coltine tout le boulot, qui conduit, qui fait les plans, la vidange, le jardin, la liste de courses, le menu du jour, les bonnes idées pour Noël et la paperasse de son fils, elle sait bien qu'elle ne sera jamais mieux servie que par elle-même, qu'elle doit contrôler la situation. Sincèrement, ma mère, je la trouve super : attentionnée, déterminée, curieuse et savante. Elle est vraiment vaillante car il faut bien reconnaître qu'en tant que mère, fille, sœur et épouse, on lui en fait voir, souvent.

Parce que dans sa vie de femme, les compromis sont autant de couleuvres d'angoisse à avaler, autant d'œufs sur lesquels sempiternellement marcher, parce qu'il faut bien se débrouiller toute seule et gérer pour les autres, la recherche du consensus n'est pas vraiment sa tasse de thé : elle préfère le rapport de force.

Ma mère, elle fait du vélo. Du genre «autonome», avec du bon matos, léger et adapté pour voyager loin et pas cher. Un bon moyen d'aller où on veut et de vivre des aventures exaltantes. Un bon moyen de se donner une passion en dehors du quotidien de la maison. Je voulais lui proposer un moment à deux, un moment pour lui faire plaisir et nous faire plaisir. Il y a plusieurs mois, je distingue une fenêtre dans mon agenda et lui dis «laisse papa à la maison, on se fait deux ou trois semaines de vélo ensemble en février». Proposition osée : je n'ai jamais passé autant de temps seule avec elle... Elle est enthousiaste !

«Mais c'est l'hiver et, même en Espagne, nous aurons froid» - elle propose de partir plus loin, là où c'est l'été. Elle a les moyens et moi pas. Si elle paie, je suis d'accord. «Mais on ne peut pas partir loin seulement trois semaines, aller à l'autre bout du monde pour si peu de temps, ce serait ridicule» - elle propose cinq semaines. Je rechigne (surtout dans ma tête), je dis oui, m'organise. Elle arrête des dates, accumule les plans, les points d'étape, les listes de matériel, les infos sur les vaccins. Je me plonge dans la littérature uruguayenne, la dictature militaire, les femmes dans la lutte armée et le mythe de la «petite Suisse de l'Amérique du Sud». Elle pèse les bagages, répare les vélos. J'achète une méthode d'apprentissage rapide de l'argentin, cherche des contacts sur place. Elle me rappelle : «J'ai acheté les billets ! Nous partons huit semaines». Deux mois complets ?! Je lui réponds gentiment qu'elle m'a bien embobinée... et j’obtempère. Voilà : j'ai un problème de négociation avec ma mère.

Quand je croise des amies et que je leur dis «Je vais faire, un truc un peu fou : deux mois... en Uruguay... à vélo... avec ma mère», elles s’esclaffent : «Deux mois ! Je ne ferais jamais ça !». Je réponds avec un petit rire nerveux «Moi non plus !». Alors elles se rattrapent : «ça va sûrement être super... c'est vraiment beau de faire ça avec sa mère».

Voilà bientôt quinze années que j'ai quitté l'appartement de mes parents. Nous prenons l'avion dans douze jours. Le suspense me fait comme un m&ms coincé en travers du gosier. Il y aura sûrement des petits moments de crise entre elle et moi. J'essaie de ne pas trop m'inquiéter : les m&ms, ça finit toujours par fondre, gentiment.

 Retrouvez l'épisode précédent  à la rubrique "Tous les articles" sous "Chronique féminista-voyageuse"

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