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Une pétition pour l'égalité salariale

15-12-2015  - avatar

Force est de constater que le nouveau Conseil fédéral ne montre pas l’exemple en matière de représentation homme/femme et reste en retrait en matière d’égalité salariale. Sa proposition, actuellement en...

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Ailleurs

Annick Blavier, une œuvre engagée

27-06-2017 Hélène Upjohn - avatar Hélène Upjohn

Il y a du mystère dans les collages d’Annick Blavier, les déchirures, les fragments, les situations que l’on ne voit pas en entier, les citations qui ont perdu leur auteur.e..Pourtant...

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Genre&Féminismes

Une pilule pour doper la libido féminine…

10-12-2015  - avatar

Les sociétés pharmaceutiques rivalisent d'ardeur pour mettre sur le marché une pilule qui stimulerait le désir sexuel chez les femmes. Sprout Pharmaceuticals a déjà obtenu le feu vert pour la...

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chronique féminista-voyageuse

Le fleuve des oiseaux peints

Kilomètre après kilomètre, des éléments surgissent. Nous sommes en Uruguay depuis trois jours, je rencontre Carlotta à Montevideo. On parle du président du pays, José Mujica. Elle dit "Il n'est vraiment pas bien, beaucoup de gens ont peur de ce qui va se passer. Il se sert de sa réputation d'ancien résistant pour pousser la destruction écologique du pays et renforcer le capitalisme dépendant. Si tu remontes la côte en vélo, tu verras".

Nous sommes en Uruguay depuis une semaine, c'est la fin de l'été, nous pédalons sous le soleil. Les routes de la côte sont moins bondées qu'en janvier, mais on croise encore des touristes argentins et brésiliens, à bord d'énormes 4x4 pour beaucoup, mais aussi dans de vieilles Chevrolet bringuebalantes et quelques 2 CV pétaradantes. Il y a aussi les auto-stoppeurs, les motards et toutes celles et ceux qui prennent les bus, pour aller vendre des bracelets tressés et des boucles d'oreille sur les plages.

Nous nous arrêtons pour acheter de l'eau et des bananes dans une épicerie de bord de route. Discussion avec des gars du coin. Ils disent "Nous sommes des révolutionnaires, comme Pepe Mujica". Je demande "Comme le président? Il est toujours révolutionnaire, celui-là?". Ils disent "Oui! Nous, on est des "tupamaros", comme lui! Des résistants! Comme Juan Moulinne, chez vous!".

Nous sommes en Uruguay et je lis Tupamaras, des femmes de l'Uruguay de Ana Maria Auraujo. En 1980, elle écrivait "J'ai voulu re-prenser mon histoire, revivre mon passé politique de femme, avec d'autres femmes, guerrilleras, tupamaras. j'ai voulu les entendre et m'entendre dans leurs paroles. Paroles de femmes qui ont lutté... jusqu'à la vie et la mort... là-bas, dans mon continent latino-américain, dans mon pays : Uruguay, qui en langue guarani veut dire "Fleuve des oiseaux peints".

Je parle avec un homme devant sa maison. Il dit "Pepe Mujica, c'était le leader des tupas, il a fait de la prison et il est resté pauvre, comme nous".

Je rencontre Carla, dans un petit village sur la côte. Elle dit "Mujica? C'est un traître! Il a complètement retrourné sa veste. C'est un populiste, comme Lula au Brésil. Il dit qu'il est contre le capitalisme, mais il travaille pour les riches..."

Je lis La montagne invisible de Carolina de Robertis. "Les Sans-Nom ont remis ça, ils ont cambriolé un casino - Ils sont comme des Robins de bois - Ils vont nous sortir de ce bourbier - Les Sans-Nom, ils nous ont mis dedans, pauvre idiots, tout est de leur faute - Les punaises de l'Uruguay - Plutôt des héros - Plutôt des merdes - Ils vont libérer le pays - Pacheco ne les laissera pas faire - Les Sans-Nom sont plus malins que lui - C'est pas difficile - Ils se préoccupent plus de nous - Je les hais - Je leur dit bravo ! - Attention, pas trop fort! - Pourquoi pas ? Tu vois, on n'est pas libres! - Les Sans-Nom sont libres, eux - C'est évident - Rien à leur sujet n'est très clair - Demande-leur - Ha!

Les Tupamaros ont constitué l'organisation révolutionnaire uruguayenne la plus importante [M.L.N. Tupamaros, Movimiento de Liberacion Nacional], depuis les années soixante et tout le long de la dictature militaire qui débuta formellement avec le coup d'Etat de 1973 et mis des milliers de tupamaros et tupamaras en prison et à la torture jusqu'en 1985. José Mujica, prisonnier politique pendant quinze ans, devenu fou en prison et s'appuyant sur l'histoire du M.L.N. (T) pour se lancer dans la politique politicienne, est effectivement resté pauvre: comme le relaie avec enthousiasme la presse occidentale, il est resté dans sa petite ferme couverte de tôle... et porte des chaussures trouées! Il a mené des mesures très populaires telle que la légalisation de la consommation et de la culture, à titre privé, de la marijuana et il déclare verser sa rente présidentielle pour un programme de lutte contre les bidonvilles. Carla et Carlotta m'ont pourtant raconté, l'une avec crainte, l'autre avec colère, que c'était à leur avis des mesures très populistes, qui cachaient une politique inégalitaire et soumise aux intérêts des grands capitaux étrangers.

Je chercherai pour une prochaine fois des éléments plus précis sur ce qui motive peur et colère chez ces femmes.

Cross the border

Je vous avais dit que la douane restait discrète ? J'aurais dû me douter que ça n'annonçait en rien l'abolition des frontières. Car bien sûr, au bout du "transit à sens unique", il n'y a d'autre choix que de s'y soumettre, intégralement. Aucune raison alors de nous imposer une ambiance de commissariat pendant tout le trajet. Autant nous mettre aussi à l'aise que possible et encourager notre capacité au consentement en nous imposant, l'air de rien, jus d'orange, pasta a la carbonara et sourires du personnel de bord en sens unique. Après 12 heures à ce régime où je n'ai rien à choisir hormis l'eau minérale pétillante plutôt que les vingt centilitres de vino rosso, mon libre arbitre est passablement émoussé.

Et tout d'un coup, nous sommes une foule immense. Jusqu'à présent, les virages des couloirs et des escalators nous avait étiré-e-s en longues files indiennes inconscientes d'elles-mêmes. Devant moi, un vaste hall et d'interminables serpentins de voyageurs qui font la queue devant une rangée de petites cabines alignées, comme les caisse-enregistreuses d'un supermarché. Au-dessus de nous, des écrans plats diffusent en boucle des images de personnes offrant leur visage et leur pouce à la caméra, des policiers contrôlant des automobilistes en apposant leur main sur un lecteur, des douaniers retrouvant le visage d'un jeune homme parmi les photos d'identité archivées en moins d'une minute et demie... c'est un spot du "Ministerio del Interior" sur "el nuevo pasaporte o DNI".

Je n'ai pas le choix : c'est mon tour de tendre mon passeport à la douanière et, comme aux centaines de personnes qui défilent devant elle, elle demande simplement que je me mette à bonne distance de la caméra, que je pose mon pouce bien à plat sur le lecteur. J'obtempère, j'ai peur de me faire refouler, peur irrationnelle mélangés de souvenirs enfouis. Je file doux. Juste derrière moi, ma mère présente son passeport, plus ancien que le mien, pas encore biomaîtrisé... Et la douanière opère sur elle la même opération : empreinte et photo. Je réalise lentement ce qui se passe : ce n'est pas un simple contrôle de la conformité de mes données biométriques avec celles de leur fichier: c'est un entreprise de fichage généralisé de toutes celles et ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de l'être. J'avais ces images sur des spots de pub en phase test à Dubaï et à Londres... bienvenu dans le monde réel.

A peine soulagée d'être passée sans plus de difficulté, je sens mon amertume monter. Sentiment de m'être faite flouée une seconde fois. Je pense à ce film de David Miller Seuls sont les indomptés. Kirk Douglas traverse seul les Etats-Unis, sur son cheval et sous son chapeau, au milieu des années 50, incapable de se plier aux clôtures qui lui barrent la route, que ce soit le barbelé d'une frontière ou le barreau d'une prison. Don Quichotte de son époque, sa dernière rencontre lui sera fatale : une voie rapide qu'il voudra crosser, comme all the borders of this nasty world, voie rapide qui projettera contre lui et son cheval une voiture lancée dans la nuit.

Je suis tellement triste de ce monde de frontières. Trop facile de se sentir indomptée quand le voyage n'est pas une question de survie. Trop facile d'écrire une chronique pour racheter ce malaise de ne pas avoir dit "non" aux douanières désarmantes de sourire et de routine. J'aurais pu refuser d'aller plus loin. C'est le prix que j'ai accepté de payer pour ce voyage. Laissez-moi le digérer avant que je vous raconte la suite.

 

Retrouvez l'épisode précédent  à la rubrique "Tous les articles" sous "Chronique féminista-voyageuse"


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