updated 6:51 PM CEST, Jun 27, 2017

Bientôt...

 lemiliedegourdie1

ENCORE UN PEU DE PATIENCE!

LES NEWS SONT EN ROUTE!

Cherchez l’architecte

L'été tire tranquillement vers son été indien et il ne nous reste que les souvenirs de films légers vus depuis quelques mois. Légers? Soyons sincères, ce n'est pas entre juin et septembre que le cinéma propose le summum de la réflexion filmique. Mais il n'est pas non plus tout à fait exact de prétendre que les films qui sortent en été soient uniquement des œuvres désinvoltes. Néanmoins, il est vrai que ces dernières squattent tout de même la majorité des salles. Or, outre le sérieux (sic) du festival de Locarno, y'a-t-il des leçons à retenir du cinéma estival? Car, si nous avons appris que Chicago sera sauvé par des robots géants se changeant en voitures de sport, il y a eu bien d'autres idées révolutionnaires délivrées.

Principalement, on a pu découvrir un bon aperçu des mœurs des jeunes filles d’aujourd’hui – ou du moins, de leurs idéaux sociétaux. Sur ce thème, deux productions, pour le moins éloignées dans leurs intentions, sont arrivées à une même constatation. A ma droite, Trois fois 20 ans, la comédie aigre-douce de Julie Gavras (fille de…) où Isabella Rossellini (fille de…) et William Hurt (fils de personne ; erreur de casting?) forment un couple sur lequel va se poser le spectre de la crise de la soixantaine. A ma gauche, Un amour de jeunesse, drame décontracté genre la-Nouvelle-Vague-n’est-pas-loin de Mia Hansen-Løve, qui met en scène les amours contrariés sur plus de dix ans de deux amants.

On reconnaîtra que, dans les deux cas, le réalisateur est une réalisatrice et qu’il s’agit d’histoires ordinaires, voire classiques, où la seule vision artistique semble excuser la banalité du propos. Malgré tout, le vrai point commun n’est pas dans les détails mais dans un élément précis des récits. Dans Trois fois 20 ans, Hurt interprète un architecte qui donne un coup de main à une bande de jeunes de son staff afin de concevoir un nouveau projet pour le musée du Louvre. L’une des adolescentes du groupe, meneuse autoproclamée, s’entiche du bel homme âgé et l’invite dans son lit à la première occasion. On pourra lire dans cette démarche la volonté de contrôler celui qui élabore l’espace (Dieu en quelque sorte).

Pas moins complexe, Un amour de jeunesse suit les mésaventures de deux adolescents qui s’aiment mais n’arrivent pas à s’entendre. Les années passent et la jeune fille, élève en architecture, s’entiche de son prof jusqu’à sortir avec lui. On pourra lire dans cette démarche la même chose que l’on laissait entendre pour le précédent film.

Venant de réalisateurs, le hasard ne choquerait pas puisque, dominants dans le métier, ils peuvent dire tout et son contraire. Venant de réalisatrices, il interpelle. Le fantasme féminin d'aujourd'hui est-il donc l'architecte? Ne serait-il pas plutôt celui d'aspirantes-metteuses en scène? Figure du dirigeant tout-puissant contrôlant l'exécution de créations humaines, celui-ci est un parent éloigné du cinéaste. Julie Gavras et Mia Hansen-Løve semblent vouloir cautionner leur position artistique en en appelant à cette image bienveillante. Il est étonnant (et dommage) qu'elles doivent se justifier de réaliser un film. De surcroît, l'homme mûr donnant des leçons aux jeunes filles est plutôt un désir masculin. Le cliché a la vie dure. Même anecdotique, voire amusante, cette coïncidence renvoie aux stéréotypes les plus éculés. Mine de rien, le cinéma reste hélas dans l'inconscient collectif un privilège de mec. D'autant plus que, pour le public, l'information qui prédominera est que les maîtres d'œuvres sont marqués par une franche virilité. Légère et absurde: une moralité très estivale.