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L'île sous la mer

 

Isabel Allende, nièce de Salvador Allende, notre regreté président du Chili, est une grande écrivaine de cette culture latine autant créative, pathétique que chaleureuse. Nous atterrissons à Saint-Domingue, en 1770 pour finir en 1810 en Louisiane. L’auteure nous livre le roman historique de l’état esclavagiste aux Caraïbes au travers de la destinée d’une femme, Zarité, dite Tété, qui suivra son maître à la Nouvelle-Orléans, un colon français, Toulouse Valmorain. Celui-ci échappe à une révolte qui va  aboutir à la première révolution d’esclaves dans le nouveau monde.

L’intérêt de ce livre tient à cet heureux mélange de la passion amoureuse, de la lutte pour la liberté, dans le décor des plantations de canne à sucre et des maisons de jeu de la Nouvelle Orléans, des demeures de maîtres aux bordels des mulâtresses.

L’ouvrage est certes volumineux, mais il est suffisamment ciselé de courts chapitres pour permettre aux lectrices et lecteurs d’avancer à leur rythme sans avoir à s’essouffler, voire revenir à des pages qui peuvent se relire avec délice. Ce qui ressort le plus, c’est la force de l’amour, dans l’expression de la passion et de la tendresse, qui crée un contraste saisissant avec l’intensité de l’horreur que vivent les esclaves, réduits à un état que même des animaux domestiques ne vivent pas.

C’est aussi l’hommage rendu à une femme qui a eu le courage, malgré tout ce qu’elle a vécu de violences et d’humiliations, d’atteindre l’état de liberté, non pas seulement celui de l’affranchissement, mais avant tout celui de l’esprit, qui permet de tracer la route de l’émancipation humaine. Un beau livre et un message d’espoir. Une leçon de patience et de ténacité, utile par les temps qui courent.

 

Isabel Allende, L’île sous la mer, Ed. Grasset 2012, 524 pages.

 

 

l'émiliE - 2012-2016