Logo

Histoire des femmes



Ce sont elles qui l'écrivent : Françoise Héritier l'­anthropologue, Michelle Perrot l'historienne, ­Sylviane Agacinski la philosophe, et ­Nicole Bacharan la politologue. Avec humour et intelligence, nous revisitons notre histoire en nous la réappropriant au passage. Car depuis le début, même si les femmes font l'Histoire au même titre que les hommes, ce sont eux qui l'écrivent. L'époque est révolue. L'ouvrage démonte quantités de clichés éculés.

Vrai-faux
Françoise Héritier revient sur l'idée d'un partage des tâches "naturel" : l'homme à la chasse, la femme à la grotte avec les gosses. Elle dit que dans les sociétés où les hommes chassaient, la viande qu'ils ramenaient ne constituait que 20% de la nourriture du groupe, tandis que la cueillette des femmes en représentait 80%. Pourtant l'image de l'homme vaillant chasseur a toujours été valorisée. Jaloux du "privilège exorbitant d'enfanter" des femmes, le groupe des hommes s'est tacitement entendu pour marginaliser l'autre sexe. En écrivant l'Histoire, ils s'assuraient de transmettre l'idéologie patriarcale et un pouvoir sans partage.

Fétichisme
Michelle Perrot explique que les hommes ont toujours été obsédés par les cheveux de leurs compagnes. Une fixette qui leur a inspiré des théories sur le port du voile par exemple (et qui fait les beaux jours de multinationales qui soutiennent les femmes dans leur combat pour soigner leur chevelure). La femme dispose peu de son corps, véritable terrain de conquête. L'historienne analyse ainsi le viol ordinaire: «De tout temps, le danger, c’est le viol.» Elle explique qu’«il a régné un extraordinaire silence sur le viol. La jeune fille, qui n’a pas réussi à se défendre, est considérée comme coupable.» Les comportements actuels des femmes restent aujourd'hui encore conditionnés par cette transmission des peurs, des hontes. L'exercice de la domination masculine repose sur des rapports de force dont la partie très visible est la violence.

Sexe
Quant à la sexualité féminine, le point de vue masculin propose deux visions : la frigide et la pute. Sylviane Agacinski complète un tableau déjà bien noir en fustigeant la psychanalyse de Freud et de Lacan, fondée sur leur conviction étroite que le sexe, c'est le pénis. Disons que les femmes en ont vu des vertes et des pas mures depuis quelques millénaires et que la prochaine étape est de définitivement ringardiser les phallocrates de tout poil. Aux féministes et aux autres d'investir les terrains d'expression, de création et de pouvoir pour que l'histoire des femmes ne soit plus un genre mineur.

A vos stylos !

 

Françoise Héritier, Michelle Perrot, Sylviane Agacinski, Nicole Bacharan

La plus belle histoire des femmes

Ed. du Seuil, 2011, 308 pages.

l'émiliE - 2012-2016