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Face à la LGBTphobie, (ré)agissons

 

 

A l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai, la Ville de Genève lance la campagne (Ré)agissons à destination du grand public. En invitant les gens à réagir face aux insultes et aux discriminations que subissent les personnes LGBT, en particulier les jeunes, et à adopter un discours positif sur l’homosexualité et les transidentités, la Ville cherche à faire bouger les lignes. 

 

Le 17 mai 1990, l’Organisation mondiale de la santé retirait l’homosexualité de sa liste des maladies mentales. La Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie lancée en 2005 par le sociologue Louis-George Tin, célébrée aujourd’hui dans plus de 60 pays, commémore cette date symbolique. Elle permet de rappeler que, dans le monde, 74 États condamnent encore l’homosexualité et 7 la punissent de mort. En Suisse, malgré l’évolution des mentalités et les progrès obtenus dans la reconnaissance des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, les discriminations subsistent. «Les jeunes qui se découvrent lesbiennes, gays, bisexuel-le-s ou transgenres se sentent souvent très isolé-e-s», comme le rappelle la conseillère administrative Sandrine Salerno. En Europe, la moitié des personnes LGBT évitent de s’afficher en public avec leur partenaire par peur des agressions. Dans ce contexte hostile, les jeunes sont particulièrement exposé-e-s : «Les jeunes homosexuel-le-s ont jusqu’à cinq fois plus de risque de suicide que les hétérosexuel-le-s», explique la magistrate.

L’idée de cette action est également de valoriser le travail des associations. Les jeunes et leur entourage peuvent en effet s’appuyer sur les ressources associatives. Le groupe Totem, jeunes LGBT, offre ainsi deux fois par mois un espace d’accueil, d’écoute et de rencontre, quant au nouveau Refuge Genève, il propose un hébergement d’urgence et un accompagnement psychosocial. Ces deux projets, portés respectivement par la Fédération genevoise des associations LGBT et Dialogai, sont partenaires de cette campagne.

Le problème comme souvent dans ce type de campagne, c’est que message et réalisation laissent à désirer, selon l’avis de certaines lesbiennes qui se sentent souvent discriminées et invisibilisées dans ces représentations. Sur un des visuels par exemple, le garçon domine d’une tête les deux filles, il est blanc. La plus petite, en bout de file, est noire. De la même manière, les mots «lesbophobie» et «biphobie» sont bannis du discours. Delphine Roux, porte-parole de la Fédération genevoise des associations LGBT explique que «homophobie recoupe gayphobie, lesbophobie et biphobie» et justifie en outre ce parti pris pour une question de «place sur une affiche». Des détails certes, mais qui ont leur importance aux yeux de ces lesbiennes qui estiment que cela renforce les stéréotypes qu’ils affirment déconstruire.

Et si les lesbiennes se sentent parents pauvres dans ce combat, que dire des personnes trans* ? La prise en compte des questions trans* est très récente. Delphine Roux donne plusieurs raisons à cela : «La thématique est très peu portée politiquement ; lors des débats de l’Assemblée constituante, un principe de non-discrimination lié à l’orientation sexuelle a été retenu mais pas celui lié à l’identité de genre. Il y a encore une invisibilisation des questions trans*, une méconnaissance liée à ces questions mais également de la transphobie, et tout comme pour les questions LGB, la sensibilisation et la formation des professionnel-le-s est nécessaire et urgente au vu des discriminations encourues par les personnes trans* au quotidien».

Alors cette campagne sert-elle efficacement la cause ? Delphine Roux affirme que c’est «une excellente initiative ; elle peut toucher tout-e un-e chacun-e dans la rue». Elle admet qu’«il convient effectivement de l’entourer d’actions de sensibilisation, d’où la soirée de lancement de la campagne, que nous avons organisée avec la Ville de Genève et qui aura lieu le 18 mai à la Maison de Quartier des Pâquis». Et elle ajoute que «aussi bien la Ville que la FASe (Fondation genevoise pour l’animation socio-culturelle, ndlr) ont entrepris depuis 2009 de travailler concrètement pour lutter contre l’homophobie et la transphobie».

Photo, image de la campagne (Ré)agissons

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