Logo

Manif de soutien à Charlie Hebdo

Mercredi 7 janvier à 11 heures dans le XIème arrondissement de Paris, le siège de la rédaction de Charlie Hebdo a été attaqué par au moins deux hommes armés. Le bilan provisoire de cet attentat est de 12 morts et plusieurs blessés. Parmi les victimes : les dessinateurs Charb qui dirigeait le journal, Cabu, Tignous et Wolinski. En assassinant de sang froid dix journalistes, c'est la liberté de la presse que les terroristes ont visé. Et la démocratie.

Ce drame a soulevé un mouvement de solidarité sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Facebook et Instagram, les internautes n'ont plus qu'un message : "Je suis Charlie". A Genève, une manifestation de soutien était organisée le soir-même devant Uni Mail. Environ un millier de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux victimes et pour dénoncer cette violence inutile.

Car même sans forcément partager le point de vue de Charlie Hebdo, les personnes qui se sont recueillies hier à Genève, à Londres, à Berlin et dans les grandes villes de France, ont montré, par leur geste, qu'elles refusaient de se laisser intimider par des obscurantistes. Les valeurs fondamentales de la liberté d'expression et de la presse inscrites dans la Constitution française (articles 10 et 11), dans la Convention Européenne des Droits de l'Homme (article 10), dans la Constitution Fédérale en Suisse sont des acquis qu'on pense inaliénables mais qu'un tel attentat menace. Demain, les rédactions européennes vont-elles hésiter à publier certains contenus pour préserver leur sécurité? Vont-elles s'autocensurer pour éviter un nouveau bain de sang? Cet assassinat politique réintroduira-t-il en Europe le délit de blasphème? En France, il a été aboli à la Révolution, sauf en Alsace-Lorraine qui fait exception à la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905.

Les Versets sataniques de Salman Rushdie et l’affaire des caricatures danoises ont montré que la notion de blasphème était toujours d'actualité. Charlie Hebdo a eu sa part de procès pour injure envers une religion devant les tribunaux, bien que le délit de blasphème soit irrecevable en France, et s'en est toujours bien sorti parce que la loi protège la liberté de la presse. Surtout, Charlie Hebdo incarne l'esprit soixante-huitard, gauchiste et tolérant, pacifique qui s'oppose aux fanatiques de tous poils mettant dans le même sac Houellebecq et Finkelkraut. Avec pour mot d'ordre "faites l'amour pas la guerre".

Photo © Caroline Dayer

l'émiliE - 2012-2016