Logo

Egalité: la Suisse perd deux places

Le dernier rapport du Forum économique mondial (WEF) publié aujourd’hui à Genève classe la Suisse au 11ème rang mondial (sur 142 pays étudiés) en matière d’égalité hommes-femmes. Le pays perd ainsi deux places au classement annuel ce qui pose quelques questions sur l’évolution de la société. L’organisation internationale n’est pas la seule à pointer du doigt les inégalités et les discriminations entre les sexes. Le comité de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination faites aux femmes (CEDEF) et la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (ECRI) dénoncent, de la même manière, des manquements certains.

Selon le rapport du Forum économique mondial, la Suisse a encore des progrès à faire, en matière d'égalité des salaires, de participation des femmes au marché du travail, de représentation politique, de leur accès à l'éducation universitaire. Il souligne qu'en neuf ans de mesures des disparités entre hommes et femmes, seule une légère amélioration de l'égalité en faveur des femmes a eu lieu dans le domaine professionnel. L’accès aux responsabilités politiques n’évolue pas et reste à un niveau faible. Bref, pas de quoi pavoiser.

C’est bien la lenteur des progrès qui est en cause : quand les pays nordiques caracolent en tête et renforcent leur système égalitaire, les autres peinent à suivre. Du coup, un pays comme la Suisse où les politiques de l’égalité stagnent depuis des lustres, régresse forcément dans le classement. Les dix premiers sont dans l’ordre : l'Islande, la Finlande, la Norvège, la Suède, le Danemark, le Nicaragua, le Rwanda, l’Irlande, les Philippines et la Belgique. L’Allemagne est au 12ème rang et la France qui partait de loin (45ème) arrive cette année au 16ème rang.

Si les progrès sont à ce point lents, c'est que la volonté n'y est pas. La Suisse traîne des pieds en matière d'égalité et ce n'est pas nouveau. Même si le rapport du Forum économique mondial n’entre pas dans les détails question chiffres et livre plutôt des tendances, il rejoint les constats faits de manière récurrente par d’autres organisations internationales qui rappellent à la Confédération le peu d’entrain qu’elle montre pour améliorer la situation et réduire une fois pour toutes les inégalités.

La Convention du CEDEF (ONU) donne de façon extrêmement précise et chiffrée à la Suisse les objectifs qu’elle doit atteindre : la liste est longue et concerne notamment «le mécanisme national pour l’égalité, la persistance de stéréotypes traditionnels profondément ancrés concernant le rôle et les responsabilités des femmes et des hommes dans la famille et dans la société en général, la prévalence de la violence dirigée contre les femmes, la situation des migrantes, la prévalence de la traite des femmes et des filles et de l’exploitation de la prostitution, la sous-représentation des femmes aux postes d’élection et de représentation dans la vie publique et l’inégalité entre les sexes dans le domaine de l’éducation et sur le marché du travail»… De son côté, la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (ECRI) dénonce encore de nombreuses lacunes en matière d’égalité, notamment dans le domaine des droits des personnes LGBT et demande d’inscrire les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans l’article 261bis du Code pénal.

Beaucoup reste à faire et ce recul dans le classement du Forum économique mondial doit sonner comme un signal d’alerte et pousser les responsables politiques et économiques à se bouger.

Photo © WEF


 

l'émiliE - 2012-2016