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Femme de

A quoi pouvait-on bien s'attendre? L'interview de la femme de Christoph Blocher parue dans la Berner Zeitung ne fait que mieux délimiter la place qu'on lui a assignée : à la maison pour attendre et servir son milliardaire de mari, à son bras en public. Après 46 ans de ce bonheur dans une cage si finement dorée, la femme du politicien ne regrette rien, non rien de rien. Et tandis qu'elle se lance sur la pente du bilan de sa vie, elle partage ses pensées profondes sur l'éducation, son domaine de prédilection. De son point de vue, une épouse qui n'en a pas besoin financièrement ne travaille "que parce que c'est la mode". Quand on sait le prix que coûtent aux cantons et aux communes élèves et étudiant-e-s, on se demande si le retour sur investissement arrivera un jour en ce qui concerne les "femmes de". La logique nationale chère à l'UDC pousse à s'interroger sur ce point : former des personnes pour qu'elles n'en fassent profiter que leurs propres enfants, est-ce citoyen ? Cela sert-il la communauté nationale ? Est-ce rendre à la Confédération ce qu'elle a donné ? Que chacun-e règle ça avec sa conscience...

Toujours est-il que selon elle, "on ne peut pas être cadre, avoir une famille et garder tout le salaire sans payer une assistance pour ses enfants. On ne peut demander à l’État de mettre sur pied des structures pour s'occuper des enfants". La vision traditionnelle de la famille vise ici à légitimer la place de la "femme de" dans la sphère privée. Sans cela, existerait-elle seulement ? Serait-elle utile ? Les peurs d'une "femme de" de devenir totalement invisible sont réelles. Celle qui donne l'interview n'échappe pas à la règle. Entretien (d'épouse) contre éducation (de la progéniture), tel est le contrat pas toujours durable dont disposent ces femmes qui ont tout intérêt à justifier l'importance de leur mission dans le cadre familial. Et il est toujours bon de le rappeler à la face du monde, surtout si Monsieur venait à l'oublier au bout de 46 ans de bons et loyaux services. C'est dire les angoisses qui agitent ces femmes surtout à l'approche de la ménopause, une fois que les enfants ont quitté le nid. Si nous osions un conseil pour votre tranquillité d'esprit, Mesdames, éliminez ce "de", qui n'a rien d'une particule et tout d'une chaîne, pour enfin être vous-même.

l'émiliE - 2012-2016