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La Ville de Genève relance le langage épicène et cherche à sensibiliser la population genevoise sur le sujet. Cela fait bientôt dix ans que les bureaux de l’égalité s’escriment à le faire entrer dans les mœurs pourtant les résistances sont nombreuses. Le masculin l’emporte encore sur le féminin. Aussi la conseillère administrative Sandrine Salerno a-t-elle décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant une campagne, un concours, et en mettant sur pied des ateliers pour qu’enfin chacun-e s’approprie un langage plus égal. L’est-il vraiment ? Les féministes ne lui trouvent pas que des vertus…

Epicène, késaco ? C’est un site antique, un plat relevé, un auteur de théâtre ? Pour qui hésite, voici une petite séance de rattrapage : du latin epicoenus dérivé du grec ancien ἐπίκοινος «possédé en commun», il qualifie un nom non marqué du point de vue du genre grammatical. Est épicène un nom bisexué pouvant être employé indifféremment au masculin ou au féminin. Par extension linguistique, cette règle de neutralisation du genre peut s’appliquer à tous les mots, noms, adjectifs, pronoms. Plus concrètement, on écrira par exemple : les Genevois-e-s sont ravi-e-s de s’adonner aux joies du langage épicène.

Mais pourquoi la Ville de Genève en fait-elle tout un plat? La conseillère administrative Sandrine Salerno s'explique : "Chaque année, mon département organise une campagne d'affichage et des activités pour le 14 juin, date d'anniversaire de l'article constitutionnel et de la loi fédérale sur l'égalité. L'idée est de sensibiliser la population à ces questions. Après avoir traité de la représentation des femmes dans la sphère politique, l'articulation entre vies familiale et professionnelle, nous avons décidé de traiter du langage. Notre société change, évolue, notre langage devrait évoluer aussi. Nous souhaitions donc mettre en discussion ce thème".

Dès le 21 juin donc, une affiche invitera les Genevois-e-s à pratiquer la langue alternative. Ce même jour un débat réunira de savantes linguistes qui discuteront des questionnements liés au langage épicène. Il s'agira surtout de savoir comment développer la créativité et l’innovation pour trouver de nouvelles formes langagières. Et du travail à ce niveau, il y en aura, parce que toutes les féministes n'encensent pas la langue épicène du fait de son caractère bisexué et donc excluant. Pour Sandrine Salerno, "le langage n'est pas neutre, puisqu'il reproduit les inégalités que nous constatons dans notre société. Il faut donc le faire évoluer". Elle précise que "le langage devrait en effet être le reflet de la diversité et de la complexité de notre société. Quand je dis qu'il dois prendre en compte les femmes, je ne veux pas dire qu'il doit exclure les autres". La tâche n'est pas si simple et l'idée d'un neutre plus approprié se dessine de plus en plus. Mais de là à le pratiquer et à le voir se généraliser, rien n'est moins sûr... La conseillère administrative estime pour sa part que "le neutre n'est pas toujours possible, surtout en langue française, et dans ce cas, le langage doit s'adresser à toutes et tous et représenter la diversité des personnes qui composent notre société".

L'initiative genevoise propose notamment des ateliers gratuits sous la houlette de Thérèse Moreau, auteure du guide romand Ecrire les genres, qui abordera différents axes : une brève partie consacrée à l’historique et à l’évolution de cette thématique, l’expression orale et écrite, une mise en pratique de rédaction non discriminatoire et des exercices en lien avec la pratique professionnelle, associative ou personnelle. Et dès que vous vous sentirez à l'aise dans la novlangue, tentez le concours soit comme rédacteur-trice soit comme correcteur-trice.

 

Débat : «Parlez-vous française ?»

Date, horaire, lieu

Jeudi 21 juin : de 18h30 à 20h00 au Palais Eynard, 4, rue de l’Hôtel-de-Ville, à Genève

 

Ateliers

-       jeudi 14 juin : 18h00 – 21h00

-       samedi 16 juin :     10h00 – 13h00

Informations pratiques pour les ateliers :

-       Lieu : en Vieille-Ville (sera précisé lors de l’inscription)

-       Maximum : 15 personnes

-       Durée : 3 heures

-       Inscriptions avant le lundi  11 juin 2012, auprès du Département des finances et du logement : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., tél. 022 418 22 45




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