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Le projet de Caroline de Haas

Depuis quelque temps, un réseau de féministes appelé Feministnetworkproject se développe sur la toile. Son but ? Rassembler les féministes du monde entier pour créer un réseau international. Encore à l'état de construction, le réseau propose de relier les féministes du monde entier sur une google map afin de montrer l'étendue et le poids des féministes à travers les cinq continents. «On compte 2500 personnes sur la carte pour quelques choses qui n'a pas encore d'existence. En tout le projet rassemble 80 pays», souligne Caroline de Haas. Militante féministe, co-fondatrice d'Osez le féminisme, elle explique la naissance de ce projet qui a vu le jour lors du forum mondial de Tunis, Women on waves, sur les nouvelles formes de militantisme féministe. 

Pouquoi créer un réseau de féministes sur les cinq continents ?
L'idée du feministnetworkproject m'est venue, car dans le mouvement féministe on a un problème de rassemblement et de visibilité. On n’est pas capable de faire émerger des visages importants. On manque de visibilité et c'est symptomatique. Il faut que ça change. L'idée de créer le projet part d'un constat qu'on a fait en France et que l'on peut appliquer ailleurs : il y a un véritable décalage entre la réalité des mouvements féministes sur le terrain et leur visibilité dans l'espace public. Partout dans le monde, il y a une montée de la question des droits des femmes. On l’a vu aux États-Unis avec la campagne #FBRape, en Amérique latine avec la montée des actions autour du féminicide ou encore en Inde avec la mobilisation autour du viol... Il y a partout dans le monde, de véritables problématiques qui s'invitent dans l'espace public, mais qui manquent de visibilité. Il y a une vitalité du mouvement féministe qui existe sur la question des droits des femmes, mais on a du mal à transformer cette énergie en rapport de force politique, citoyen qui pèse sur la société. Le sentiment que j'ai est qu'il manque ce transformateur, une machine qui transforme cette énergie pour imposer des changements radicaux aux gouvernements.

Quelle forme va prendre le feminist network project ?
L'idée c'est de créer une plateforme qui soit un site de rassemblement, de visibilité, un outil mis à la disposition de toutes les féministes du monde. Le projet est encore en chantier, mais cette plateforme serait un outil pour permettre aux associations féministes de s'organiser (mise à disposition de  mailing-lists, d'outils qui permettent de lancer de lancer des campagnes...)
Le but est de construire quelque chose d'adapté à tous les pays, car la réalité du monde aujourd'hui pour les féministes européennes n'est pas la même que pour les féministes africaines ou indiennes. On ne veut pas reproduire les inégalités sociales à travers cette plateforme, on veut vraiment construire un outil qui prenne en compte les données sociales et culturelles de toutes les féministes.
Car si j'ai les moyens de me payer un ordinateur, ce n'est pas le cas pour toutes. Ça va nous prendre un peu de temps, car on veut vraiment que le feministnetworkproject soit produit d'un collectif. C'est la solution de l'efficacité. Pour l'instant on affine le projet qui sera lancé en décembre.

Quel est l'objectif du feministnetworkproject  ?
L'objectif est de faire entendre les féministes plus fort. L'objectif, c'est que lorsque les gouvernements font un projet de loi, ils se disent : «Il faut que l'ont pense aux droits des femmes». Le but est de faire en sorte que le droit des femmes soit devenu un tel enjeu que ce soit incontournable pour les politiques d'intégrer les féministes dans la discussion. On veut créer un outil qui pose ce rapport de force-là.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Il y a plusieurs difficultés à gérer. La première c'est la traduction, car ce n'est pas simple de trouver des gens qui peuvent faire, bénévolement la traduction, en cinq langues de tous les communiqués (français, espagnol, arabe, anglais et allemand). Ensuite, on ne fonctionne que par mail et Skype et c'est beaucoup plus difficile d'entraîner les gens et de les motiver que lorsque l'on est tous réunis autour d'une table. Internet c'est un super outil, mais ça ne reste qu'un outil, il faut qu'à un moment ou à un autre les gens se parlent, se voient en vrai. C'est ce que j'adore dans l'engagement militant, se retrouver avec des gens. Mais pour ça il faut les voir.

Le feministnetworkproject est encore en cours de construction, si vous souhaitez participer rendez-vous sur le site.

Photo DR

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