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Femme, brésilienne et chanteuse

En guise d’escapade estivale, aujourd’hui on embarque avec des chanteuses brésiliennes. Mais pas de celles que vous imaginez. Car celles-ci sont d’une autre trempe.

A quoi pense-t’on quand on évoque une « chanteuse brésilienne » ? Très certainement à des sons dépaysants accompagnés d’une imagerie tropicale. Pourtant, être chanteuse au Brésil, ce n’est pas forcément être ce que le reste du monde imagine. Rien n’est plus vrai!

D’ailleurs, dans ce pays-continent immense aux multiples influences musicales à la richesse infinie, des chanteuses contemporaines et des styles musicaux divers il y en a une ribambelle. Difficile de faire un choix!

Un Brésil complexe, aux contours duquel colle la métisse danseuse de samba, telle une deuxième peau devenue emblème national. Complexe aussi, la place de la femme artiste entre musiques aux racines éminemment populaires et stéréotypes de genre, de race et de classe spécifiques aux pays post-coloniaux. Sans oublier l’exotisme et toute sa cohorte de dimensions telles que l’identité nationale ou la projection d’un pays rêvé.

Un débat qui aurait toute sa place pour qui voudrait plonger dans les spécificités culturelles du Brésil.

Tout sauf exhaustif-ve-s, nous ferons ici l’impasse sur la bossa nova (mouvement duquel les femmes noires ont couramment été évincées pour cause d’image) et sur les monstresses sacrées et révérées de l’histoire musicale brésilienne. Nous éluderons aussi les musiciennes d’aujourd’hui au talent indubitable mais qui bénéficient d’une promotion et d’un rayonnement plus internationaux telles que Marisa Monte ou Céu.

Car notre propos est de vous présenter un choix de chanteuses actuelles talentueuses, originales, de caractère, et musicalement enchanteresses. Qu’elles soient plutôt versées dans le rock, les sons contemporains, ou encore cultivent un lien avec le folklore. Parfois auteures-compositrices de leurs morceaux, parfois interprètes mais toujours avec un point commun : elles sont (quasi-)inconnues sous nos latitudes et contredisent les clichés de la musique brésilienne internationalement convenus.

 

 

Anti-danseuse de samba

Une artiste se détache comme tête de file d’un mouvement – qu’on pourrait désigner comme étant à elle seule et à part entière – original, rebelle et intègre : Cássia Eller. Décédée à 39 ans il y a quelques années après avoir brûlé la chandelle par les 2 bouts, elle représente l’anti-danseuse de samba par excellence. Homosexuelle affichée, personnalité intense à la voix cassée, interprète de rock à la brésilienne ou de reprises internationales très personnelles, ses enregistrements acoustiques ou live donnent le ton pour plonger dans son univers. Malgré ce profil de choc au pays du sexy roi, Cassia Eller atteint des sommets de popularité de nos jours encore.

Dans un tout autre registre, égérie d’une certaine chanson à texte brésilienne, la gaucha Adriana Calcanhotto de Porto Alegre – tout au sud du pays, soit à l’opposé des influences afros. Chez cette lesbienne discrète, poésie, passion et délicatesse, pimentées par son inséparable guitarre donnent le ton. On se laisse emporter et émerveiller par les voyages, les ambiances et les histoires d’amour à l’intensité toute contenue. Pour une première approche de la musique d’Adriana Calcanhotto, on vous conseille tout particuilèrement les albums, Senha, Maré ou Cantada.

Avec un répertoire résolumment plus folklorique et traditionnel, les vidéos de Ceúmar disponibes sur la toile ne trompent pas : un rapport joyeux avec le public, un mélange de gaieté et mélancolie concentrent l’essence des diverses musiques populaires brésiliennes tout en les cuisinant à une sauce bien personnelle. Ecoutez Dindinha le premier album de Ceúmar, la voix claire de cette chanteuse indépendante vous fera voyager et rêver entre joie et douceur.

Top 10

Parmi d’autres il nous faut encore citer Fernanda Takai – chanteuse originaire de l’Etat du Minas Gerais et du groupe Pato Fu (considéré il y a quelques années par le magazine Time comme l’un des 10 meilleurs groupes musicaux hors-Etats-Unis) qui a entamé une carrière solo en 2007 avec des productions à la fois simples et expérimentales agrémentées de reprises avec son album Onde brilhem os olhos seus. Notons en passant que Fernanda Takai a récemment publié un recueil de contes et chroniques au titre évocateur : Nunca Subestime Uma Mulherzina (« Ne sous-estimez jamais une petite femme »).

Et pour terminer, ne manquez pas d’aller faire un tour sur la page Myspace de Rosanna y Zélia, 2 artistes brésiliennes: multi-instrumentistes virtuoses, les 2 complices expérimentent en diable tout en sondant leurs racines. Un duo à la personnalité attachante dont l’album Aguas Iguais – aujourd'hui difficilement trouvable – est une pure merveille!

Stefania Kirschmann

Collaboration : Cris Bucek

 

Adriana Calcanhotto :

Website : http://www.adrianacalcanhotto.com/index.php

1 clip accessible : http://www.youtube.com/watch?v=UO97k_seHso

Cassia Eller:

http://www.youtube.com/watch?v=xQV6XVOB7hw&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=RPIP7kWNphQ

Ceumar:

http://www.youtube.com/watch?v=4xCjIroCpPc&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=fUtK8VJC07c&feature=related

Myspace: http://www.myspace.com/ceumar

Fernanda Takai:

http://www.youtube.com/watch?v=NNGfxU7PArY

http://www.youtube.com/watch?v=Zk3Ct_J0zHY&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=RUUP1twUoEo&feature=related

Myspace: http://www.myspace.com/fernandatakai

Rosanna e Zélia:

http://www.youtube.com/watch?v=0UwTiltNlI4

Myspace: http://www.myspace.com/rosannazelia + http://www.myspace.com/zeliafonseca

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