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Quand l’émiliE se fait des toiles

 

Du 21 au 23 octobre aura lieu l’émiliEFest qui proposera des films étonnants et remarquables (selon la formule consacrée) au cinéma Spoutnik de Genève. Mettant en lumière la problématique du féminisme pro-sexe, le festival sera une belle façon de montrer que la femme est l’égale (et l’avenir) de l’homme en matière de langage cinématographique.

Deux films (DIRTY DIARIES et TOO MUCH PUSSY !) démontreront que ce n’est pas parce qu’on a pas de pénis qu’on est ne sait pas faire du porno. Remarquons néanmoins que les films de cul réalisés par des femmes se veulent en grande majorité différents de ceux mis en boîte par les vrais durs. D’où un aspect artistique étudié, une recherche visuelle inattendue et un point de vue introspectif. A tout cela se rajoute une audace marketing puisque quand une femme filme des scènes explicites de cul, c’est pour les montrer dans des salles de cinéma traditionnelles (ROMANCE (X) de Catherine Breillat et BAISE-MOI de Virginie Despentes et Coralie Trihn Thi) et non dans quelques cabines de sex-shops. Autant, depuis les années 1990, l’homme, exception faite d’auteurs finalement décevants (Andrew Blake, Luca Damiano), semble se ficher comme d’une guigne que le porno ressemble à un cours d’anatomie en gros plans, autant la femme réfléchit au côté art contemporain de l’entreprise.

L’esthétique et la retenue ne sont pas obligatoirement les apanages de la metteuse en scène. En Italie, Lina Wertmüller et Liliana Cavani ont fait pâlir les plus audacieux des Pasolini. Aux Etats-Unis, les films de genre (horreur, prison,…) de Stephanie Rothman étaient aussi cons et graveleux que ceux de ses comparses masculins. Enfin, alors qu’au début des années 80, David Cronenberg intellectualisait l’horreur, Barbara Peeters exaltait le gore en montrant, pour la première fois de manière aussi crue, un monstre grignotant ses victimes (tout sexe confondu). Si, de nos jours, les réalisatrices font plus attention au look de leur film, c’est aussi pour prouver aux producteurs que si elles méritent de tenir une caméra, elles doivent faire nettement mieux que les hommes. Admettons que pour l’instant ça marche : Luna réalise à elle seule des films qui ressemblent à un mix entre Tsai Ming-Liang et Steven Soderbergh.

l'émiliE - 2012-2016